CORONAVIRUS: QUEL IMPACT SUR LE MARCHÉ IMMOBILIER ?
Ralentissement du secteur de la construction, reports de projets d’achat/vente, déménagements décalés, début d'un mouvement de baisse sur les prix des annonces dans l'ancien…toute la chaîne du logement est progressivement impactée. Jusqu’à quand ?
Des prix d'annonces en baisse ces derniers jours
Dans l’ancien, le marché est également en mode pause. On ne note pas d’afflux de biens nouveaux mis sur le marché mais sur plusieurs portails professionnels d’annonces, on enregistre des baisses de prix sur des biens mis en vente. C’est la seule nouveauté et elle est de taille, de très nombreuses annonces voient leur prix à la baisse. Est-ce le début d’un retournement ? Est-ce simplement un effet provisoire si les transactions sont suspendues ?
Exemples ici avec le site Castorus qui donne en temps réel ( jour et heure) l’évolution des prix des annonces sur différents portails immobiliers. Les prix sont à la baisse (en vert), plutôt qu’en hausse (en rouge). Cela traduit l’inquiétude de ceux qui veulent récupérer de l’argent, ont besoin de liquidités et se disent, si l’on attend trop, cela va baisser encore plus. Ainsi, depuis quelques jours, certains se précipitent pour modifier leurs prix.
Les facteurs psychologiques
Pour Guy Marty, fondateur de pierre papier.fr, spécialiste des placements et des questions relatives à l’épargne, le marché immobilier pourrait connaître des lendemains difficiles. « L’effet psychologique ne se contrôle pas. Or la santé du marché immobilier est hautement dépendante de facteurs purement psychologiques. Si un nombre suffisant d’acheteurs potentiels se mettent en position d’attente, les vendeurs ne peuvent plus vendre. Le marché se grippe. Les acheteurs attendent encore plus. Le nombre de transactions baisse, et les prix aussi. » prévient Guy Marty. « Si l'épidémie de coronavirus se prolonge, et que le marché immobilier se grippe. Il y aura inévitablement moins d’acheteurs. Cela se fera sentir au bout d’un certain temps, sur les prix des logements » ajoute-t-il.
Franck Vignaud, du Laboratoire de l’immobilier anticipe un ralentissement : « Si l’épidémie se prolonge, elle aura forcément un impact sur la production de logements neufs et sur le volume des transactions, surtout si des mesures de quarantaine sont imposées. On imagine mal un effondrement des prix mais plutôt un marché qui tournerait au ralenti, vendeurs et acheteurs attendant un retour à la normale pour mettre leurs biens en vente ou pour reprendre leurs recherches. Il n’est d’ailleurs pas exclu qu’il y ait une forme d’emballement post-crise pour rattraper les besoins de mobilité ou d’achat qui risquent d’être contrariés si la crise s’installe.
Une baisse de transactions et des prix selon l’ampleur et la durée
Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne est catégorique : « Les banques centrales sont condamnées à maintenir des taux bas durant toute la crise afin de lutter contre la spirale déflationniste. L’immobilier pourrait en profiter mais la situation actuelle marquée par un choc d’offre et de demande sur fond d’épidémie est par nature très anxiogène. La fonte potentielle des revenus et la précarité de la situation devraient amener les ménages à privilégier l’épargne de précaution au détriment des investissements de long terme. L’immobilier pourrait pâtir de la situation avec un ralentissement des transactions dans les prochaines semaines. La baisse éventuelle des prix sera fonction de la durée et de l’ampleur de la crise.
Entre attente et opportunités ?
Guy Marty incite à rester serein : « Ces périodes de drame et d’incertitude sont à haut risque dans la gestion de patrimoine. Ce sont en effet les moments où : Quelques-uns, mettent à profit ce type de périodes pour accélérer la constitution de leur patrimoine. Un nombre moindre de gens gardent la tête froide, maintiennent leur discipline d’épargne, et s’en réjouiront ensuite quand les marchés remonteront, comme ils le font toujours. Beaucoup de gens prennent en fait de mauvaises décisions, pénalisantes pour leur patrimoine à long terme, en interrompant ce qu’ils avaient commencé à faire. »
Quant à Philippe Crevel, il milite en faveur de l’attente « Dans une situation de crise de cette nature, la précipitation est mauvaise conseillère. Pour les acheteurs, il est possible que des bonnes affaires apparaissent dans les prochaines semaines, certaines personnes pourront avoir besoin de liquidités. Pour les vendeurs, il est toujours délicat de mettre sur le marché un bien au moment où les acquéreurs sont rares et ont la tête ailleurs. Il est plus sage d'attendre une stabilisation de la situation. »
On n’achète pas un produit, on achète un logement
En cette période incertaine, mieux vaut attendre. Ne pas se précipiter quitte à reporter son projet d’achat ou de vente. Une chose est sûre, en sortie de crise, la valeur des biens sera peut-être revue et corrigée. Il y a sans doute eu trop d’abus. Ce sera peut-être l’occasion de revenir aux fondamentaux. On n’achète pas un produit, on achète un logement.
Olivier Marin - Le Figaro